Ma Vie De Jeu • Paroles
Skal (L’Heure Monde 2024)
Je suis né en 58, du cœur d’un ordinateur analogique
J’oscille entre l’espace et le nucléaire, surtout j’amuse les logiques
Mon papa frappe la balle avec moi, pendant le café
Je bégaye mais c’est lancé, il s’esquisse l’aube de mon Odysée
J’apprends que faire des carrés, c’est déjà pas si mal
Car alignés mes carrés donnent des lignes, des signes que l’on peut bouger
Je sais à peine marcher, mais ça t’amuse tu es curieux
Je retiens bien ça d’ailleurs, toi Il faut t’amuser
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Alors c’est parti je parle et j’évolue
Les instructions se multiplient, structurant mes artères, je souris
Pas coincé sur terre, mon cerveau est fécond,
Plutôt dans mille mondes, à 200 000 bips par seconde
Second je le suis encore, face au soleil, aux échecs ou à quelques crayons
Mais bon je suis là je vais pas camper, avec tous ces points de vie à dépenser
À l’école, j’apprends les ficelles, mes pixels se mettent en scène
Sous le préau des lumières fades, c’est encore les coups sur l’arcade
Ma nounou la première s’appelle Activision,
Des salles de jeu en invasion, j’ATARI un jour dans ton salon
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Ma vie de jeu c’est des ↑ et des ↓
Croi✖︎ moi j’ai fait le tri▲
Mes angles sont nés carrés◼︎
Ils finiront en rond● racés
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Level up, les yeux levés vers la télé
Mes fantômes ont du caractère, et j’ramasse les pièces qu’on me sert
Tu peux me toucher, maintenant je retiens ton nom, tu peux scorer
L’histoire je la tutoie, Toi tu sautes les caisses que je t’envoie
Mais c’est trop, trop d’infos, de format, de cinéma
Trop de promesses et trop de choix, de mon caractère à mon IA
Dos au mur, face au boss, comme un ado
Je fais ma crise 83, et mon monde crash
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Ma vie de jeu c’est des ↑ et des ↓
Croi✖︎ moi j’ai fait le tri▲
Mes angles sont nés carrés◼︎
Ils finiront en rond● racés
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Trente ans fini l’enfant, j’ai des petits et je pars en vacances
Je suis avec toi à la plage, dans ta poche dans ton errance
Ma production devient plus fine, on peut voir les nuances
Les plateaux deviennent des mondes, où fleurit ton insouciance
Le gris devient couleur,
Les distances deviennent immenses,
Mes dimensions un peu t’écœurent, puis non
Puis tout prend du sens
En magasin j’ai mes rayons, sur le net j’ai mes .com
À la maison je suis pulsion, sur tes doigts je suis l’opium
Mes petits se chamaillent tout le temps,
L’un hérisson frère et l’autre pète les plombs
À 37 ans, vraiment, je change de dimension
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Maintenant et Wii
Je suis pour tous, tous ensemble ou tout le temps
On pense à moi, on rêve, l’enfance prélève des DLC
Je connecte les solitaires, et déconnecte les surmenés
J’alimente la terre, de mes pixels raffinés
Avec moi tu n’es plus toi, plus tout à fait sûr de ton nom
Avec moi-même la mort ne tue pas, elle t’embête mais ne décide pas
Des avatars tu en connais, mais vos peaux ne se touchent pas
La vie un simple bouton, qui ne dépend plus que de toi
La vie tient, même elle, regarde-moi ces Sims collés serrés
Le diable, l’irréel, même ta grand-mère t’aide à l’achever
Chaque temps mort est un prétexte, pour me sortir sur téléphone
Chaque écran que l’on me donne, c’est un parc pour mes Pokémons
C’est plus des princesses, c’est plus des royaumes à délivrer non
C’est plus un simple business, ou des fantômes à attraper non
C’est la vie petit, bientôt je copierai tout
C’est la vie petit, le reste, oublie-le.